Dans mon précédent billet, je parlais de 2014 comme d'une année bien difficile...
En réalité, cela a commencé bien avant.
Il y a deux ans, maman se plaind d'etre particulièrement fatiguée. Ce n'est pas spécialement dans son caractère et en effet, elle
n'arrive plus à marcher. Après un an de recherches et traitements divers, on arrive à un premier diagnostic : myélodysplasie (dysfonctionnement de la moelle osseuse caractérisé par une atteinte
des lignées des cellules souches à l'origine des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes). Dit comme cela, cela n'a rien de rassurant...
En novembre dernier, nous perdons notre oncle, le grand frère de maman.
Maman, qui depuis, a déclaré une leucémie en bonne et dûe forme, ne s'en remet et part à son tour en février 2014. Pour la messe que
nous faisons donner en RP, nous avons l'immense surprise d'y voir venir notre père, que nous n'avions pas vu depuis leur divorce, soit 24 ans.
Et en mai, nous apprenons le décès de notre père.
En l'espace de trois mois, nous perdons nos deux parents, ceux par qui nous sommes là, les hommes et les femmes que nous sommes devenus.
A ce jour, c'est simple, je suis juste anéantie.
Autant j'ai vu décliner maman, autant pour papa, ce fut le coup de massue.
On peut nous reprocher ces 24 années de silence, vis à vis de notre père.
Mais il faut bien comprendre une chose, chose que j'ai pu énoncer devant son cerceuil, avec mon frère et ma soeur : il a fini de nous
terroriser... Ils n'en avaient pas cette conscience aigüe visiblement, et ont été surpris que je dise cela aussi simplement. Et
pourtant c'est tellement vrai.
Cela étant, avec le recul, j'ai compris qu'il y avait un énorme écart entre sa génération et l'éducation qu'il avait reçu, sans compter
son histoire familiale, et ce que nous aurions aimé avoir comme père : un peu d'attention, de la tendresse, le partage de ses activités. C'était un vieil ours solitaire, qui ne montrait pas ses
sentiments, et n'avait strictement aucune idée de ce que pouvait bien être "être père". Je me souviens être allée le voir règulièrement dans sa cave, pendant qu'il bricolait... j'aurais tant aimé
qu'il me dise : "prends un marteau, un clou, et plante le droit dans ce petit bout de bois..." Mais, non... rien... et ce n'est que maintenant que je sens être passée à côté de tant de
choses.
Par ailleurs, j'ai quand même tenté par trois fois de renouer le contact, à l'occasion de la naissance de mes fils, et la troisième
fois, quand nous nous sommes recroisés.
Il m'a bien fait comprendre que "s'il était venu, c'était pour sa femme avec laquelle il avait eu de bons moments, et non pour nous".
Ce quoi je lui ai répondu que "ce n'était pas grave, mais que moi, j'étais très contente de le voir"...
Peuton faire plus éloigné que cela ?
Mais je savais que désormais, sa fin serait terrible : seul, il ne serait retrouvé que par la police, alertée par des voisins,
plusieurs jours après son décès.
C'est ce qui est arrivé.
Malgré tout cela, tout ce passif, nous avons tout fait pour respecter au mieux les convictions de notre père, nous avons donc choisi
une cérémonie civile suivie d'une crémation.
Ce qui m'a sans doute le plus choqué, c'est la durée de la cérémonie : une demi heure... c'est bien court, pour parler d'un homme... de
sa vie, de ses actions.
J'ai gardé une rose du coussin que nous lui avons fait faire... elle sèche tout doucement dans une petite boîte.
Aujourd'hui, je ne sais plus qui je suis, où je vais... Mes enfants m'aident à tenir le cap, au jour le jour.
Je vis à la campagne, avec eux. Maman solo la semaine, en vie de famille le WE. Grâce au télétravail, mon chéri arrive à rester un peu plus
longtemps.
La maison n'est pas très grande mais surtout, on manque de rangements. Le terrain est fichu de telle façon que je manque de lumière dans le
séjour...
Et puis de toutes façons, le coeur en berne, je vois tout en noir ou en gris.
C'est dur de faire passer le message à mon entourage qui visiblement ne comprend pas.
A cela s'ajoute le fait que je n'ai pas d'emploi, et que les possibilités d'en trouver un ici est de l'ordre de 0% (donc tout le temps possible de
ruminer, ce qui n'est pas forcément une bonne chose). Et que cherry on the cake, chéri s'est mis en tête de partir au Canada... !!!
Bref tout va bien !!!
On va quand même finir par une note positive : les enfants vont bien, grandissent...
Et mon frère se marie à la fin de l'année, histoire de conjurer le mauvais sort ! :D
Maman a su qu'il avait rencontré quelqu'un mais n'a pas eu l'opportunité de la rencontrer. Mais je sais qu'elle doit plus que s'en
réjouir, de là où elle est... Elle attendait tellement ce moment !!!
Merci de m'avoir lu, même si ce n'est pas des plus drôles.
Cela m'a fait du bien de pouvoir en "parler".
Sam
|